Je me dis depuis toujours que les choses essentielles sont écrites en nous et que l’art consiste moins à les connaître qu’à en réveiller les accords.
Patrick Laupin, Le Mystère de la création en chacun, la rumeur libre, 2007
L’expérience m’a appris qu’il existe une force incroyable de création en chacun et que si cette énergie reste au chômage, en carence, dans la servitude passive du suivisme et de la contemplation, c’est l’humanité toute entière qui est lésée car une part de sa signification sera perdue à jamais.
Nous vivons et nos vies se racontent. Mais ce qui s’élève au cœur de nous-même en un mince fil de persévérance et de persistance et brise le cercle des paroles creuses c’est le fait de rentrer dans la zone où nous sommes créateurs. D’entrer dans ce lieu où l’abîme et la surface, la tristesse et la joie ne sont pas opposés mais sont comme les deux pliures d’une même essence originaire où elles dorment enlacées, ensemble.
Parallèlement à la réalisation de spectacles et de créations partagées avec les habitants, je mène régulièrement et depuis toujours des ateliers et des stages, en solo ou en collaboration avec des artistes d’autres disciplines, en particulier les arts plastiques et la vidéo. Ces ateliers ou stages peuvent être liés aux spectacles et projets en cours, ou proposer un espace autre de création. Ils donnent la plupart du temps lieu à une forme partageable avec le public – lecture, mise en espace, livret, film vidéo…
Cette activité s’est intensifiée ces dernières années suite à la formation d’animatrice d’ateliers d’écriture que j’ai suivie à Aleph et celle de médiatrice artistique en relation d’aide de l’Inecat – Institut National d’Expression, de Création, d’Art et Thérapie.
Ce travail d’atelier, c’est aussi aller à la rencontre de celles et ceux que l’on voit rarement dans les lieux dits de culture. Accompagner le jaillissement de cette force de création qui est en chacun, et les chemins qu’elle s’autorise à prendre en dehors des sentiers battus continue, au fil des rencontres et des tentatives, de me tenir très à cœur. Aussi ce travail de l’atelier, même s’il semble se situer à un autre endroit rejoint profondément ce que je cherche, toujours, sur un plateau de théâtre : faire surgir de l’humain.
C’est aussi ce qui est à l’œuvre dans les stages menés auprès de jeunes acteurs et actrices, et la volonté de les accompagner dans la découverte de leur outil, c’est-à-dire d’eux-mêmes au travail d’un texte et d’une proposition théâtrale singulière.